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Comment censurer internet ?

17 septembre 2010 21 commentaires
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Crédit photo : Umberto Lopez (flickr)

Étant donné les derniers développements du sujet dans le monde ces derniers temps, je me sens un peu obligé d’expliquer leur nouveau métier à ceux qui vont devoir tailler dans le gras d’internet.

Alors, concrètement, comment fait-on pour censurer ?

Dans la vraie vie, c’est facile. Lorsque quelqu’un dit ou fait quelque chose de déplaisant, vous pouvez, au choix, lui expliquer que ce n’est pas bien, lui coller un pain, le mettre en taule ou, pour certains, le suicider de façon plus ou moins discrète.

La facilité de la chose réside dans le fait qu’une personne n’est ni plus ni moins qu’un objet tangible, et que tant qu’on peut, au sens propre du terme, l’attraper, on a une bonne raison de courir après.

Qu’en est-il sur internet ? Bien sûr, vous pourrez toujours, à l’ancienne, attraper le responsable d’un propos ou d’un acte qui vous déplaît, encore faut-il réussir à l’attraper. L’ennui, c’est qu’une fois réduit au silence, votre malfaisant peut encore nuire. Le contenu publié sur internet ne peut jamais disparaître complètement. Par exemple, je sais très bien que dans les 5 minutes qui suivront la publication de cet article, il aura été copié et stocké a pas moins de 200 endroits géographiques différents sur la planète. Demain, il en existera probablement plusieurs milliers de copies, et ce n’est absolument pas du au fait que les contenus de ce blog sont sous licence Creative Common BY.

Toutes ces copies ne seront bien entendu pas consultables. On peut même dire qu’une infime partie le sera. Mais ça n’empêche pas le contenu de remonter à la surface à des moments où on s’y attend le moins.

Pour les contenus déjà diffusés sur le réseau, c’est donc cramé, c’est pour ainsi dire mission impossible que de le faire disparaître à coup sûr sauf quelques cas que nous verrons dans un article à venir. Ce qu’il est par contre possible de faire, c’est de limiter l’accès à ce contenu indésirable.

Ça n’a que peu d’intérêt comme nous l’avons déjà démontré, mais comment empêcher quelqu’un d’aller voir un site en particulier ? Vous avez plusieurs méthodes qui ont toutes deux caractéristiques fondamentales : leur coût et leur efficacité. Vous vous en doutez, plus c’est cher, plus c’est efficace. Heureusement, aucun n’est efficace à 100%. Petit tour d’horizon :

Les serveurs DNS

Nous en avons déjà parlé lors de l’affaire Stanjames/ARJEL. C’est une technique relativement simple qui consiste à effacer de l’annuaire utilisé par ses abonnés l’adresse d’un site. Ou plus exactement, de lui donner de fausses informations (par exemple « ca n’existe pas » ou bien « ca pointe sur mon serveur qui explique que c’est interdit d’aller sur ce site »). Pour plus d’info sur les DNS, voir mon petit article sur ce gros annuaire réparti.

Il n’y a que très peu de risques de dommages collatéraux (censurer des sites « qui n’ont rien fait ») avec cette méthode, sauf si plusieurs sites sont hébérgés sur le même nom de domaine (http://www.site.fr/site1 et http://www.site.fr/site2 par exemple, ce qui est rarement le cas des sites d’entreprise, et de moins en moins le cas des sites personnels)

Le contournement par le propriétaire du site est trivial, il suffit de changer de nom de domaine, voir d’ajouter simplement un sous domaine (par exemple http://www.caremarche.stanjames.com/). La communauté des internaute relaie généralement assez vite la nouvelle.

Le contournement pour les clients des fournisseurs d’accès pratiquant le blocage par DNS est aussi simplissime, il suffit de ne pas utiliser les serveurs DNS attribués par le FAI et tout rentre dans l’ordre. Google fourni, même si c’est mal, de très jolis serveurs DNS, par exemple 8.8.8.8.

La contre offensive qui, à ma connaissance, n’a pas encore été appliquée ou que ce soit (ou en tout cas pas chez des fournisseurs d’accès réputés) est de bloquer toute communication depuis les abonnés vers l’extérieur sur le port 53 (celui du DNS), empêchant, de facto, de se servir d’un DNS externe, voir, de se retrouver automatiquement dirigé vers le DNS interne du fournisseur d’accès. C’est une grave atteinte à la neutralité du réseau, mais au point ou on en est, ça ne m’étonnerais pas de voir fleurir ce genre de chose.

La contre-contre offensive, qui n’existe pas encore puisqu’elle n’a rien à combattre pour l’instant prendra environ 48h de gestation avant de voir le jour le cas échéant. Il s’agit simplement d’avoir un petit serveur DNS a soi sur sa machine qui irai communiquer avec un serveur DNS situé en dehors du réseau du FAI sur un autre port que le 53 (443, au hasard), avec, pourquoi pas, un autre protocole qu’UDP (TCP, au hasard). Cette solution ayant besoin d’un serveur extérieur dédié à ça sera donc probablement monétisée par son créateur.

Bloquer les sites via le DNS, ça peut permettre d’éviter que Mme Michu n’y aille pendant à peu près 12 à 24h, mais ça n’empêchera jamais une personne qui veut vraiment, et ca provoquera une fuite de capitaux vers l’étranger. Pas bien malin, donc, si on regarde bien.

Le blackhole

Je vous en parlais hier, plus du coté sécurité que du coté répression. Il s’agit donc de filtrer l’ensemble des paquets passant sur son réseau et allant vers une cible indésirable. Cette cible pouvant être, au plus petit, une adresse IP isolée, et au pire, un ou plusieurs préfixes entiers.

Les dommages colatéraux potentiels sont énormes puisqu’il est impossible, sans être administrateur des machines qui sont derrière, de connaitre la liste exacte des sites répondant sur ces adresses. Une seule et même IP peut avoir plusieurs millions de sites derrière elle pendant qu’a coté, un seul et même site utilisera plusieurs dizaines d’adresses pour lui tout seul.

Pour l’administrateur du site, la solution consiste à modifier l’adresse IP de son site. S’il a de la chance et que le blocage ne se fait que sur une seule IP, il a quelques jour de répit avant que le blocage ne suive le changement. Une autre solution consiste, si le blocage se fait de façon dynamique (le fournisseur d’accès répercute le blackhole en fonction de l’IP qu’utilise un nom de domaine) à répartir le site sur plusieurs IP, voir, éventuellement, à installer un serveur DNS qui va donner des réponses différentes en fonction de la source de la demande et réussir, ainsi, à tromper l’automatisme du FAI en l’aiguillant sur une fausse piste qui le conduira à blackholer une IP qui ne sert à rien.

Pour l’utilisateur, il suffit de passer sur un autre réseau avec une autre IP. Soit en frappant fort au porte monaie de ce cochon de FAI qui filtre en résiliant pour s’abonner ailleurs, soit en utilisant l’un des nombreux VPN disponibles sur le marché si le filtrage est une mesure légale qui s’applique à tous les FAI du pays.

Il n’y a pas réellement de contre offensive possible pour le FAI, si ce n’est d’observer très précisément ce que font ses abonnés, ce qui nous amène tout naturellement à …

L’analyse poussée du trafic

Le quasi ultime échelon de la bataille pour le contrôle de l’information, l’analyse de trafic (ou DPI, Deep Packet Inspection) consiste à automatiser l’analyse de tout ce que transmet un ordinateur, un peu comme on analyse aujourd’hui tous les emails pour détecter les spams.

Vous seriez étonné de voir ce qu’on peut faire avec du DPI. En vrac :

  • Lister des tendances politiques dans le texte et les avis qui s’y rattachent (par exemple, une phrase comme « j’adore ce que fait Segolène Royal », même si ce n’est pas vrai, pourra être interprété et me caser dans l’armoire des partisans socialistes. Le système pourra aussi être poussé jusqu’à détecter que cette phrase, inscrite entre guillemet, est probablement une citation et qu’étant donné le ton général du texte autour, je contredit la citation, me classant donc de facto dans l’armoire adverse. Alors qu’en vérité, je ne suis ni dans l’une, ni dans l’autre.
  • Extraire les images et les analyser automatiquement jusqu’à être capable de dire (par exemple) si la personne sur la photo est habillée ou pas. Oh le cochon qui regarde des images avec des gens tous nus dessus !
  • Conserver un listing et des informations très précises sur les personnes avec qui je communique, on sait jamais, ça pourrait toujours servir pour me mettre le nez dans mon caca plus tard si je commence à devenir gênant.

En bref, tout ce qui peut aujourd’hui être sorti d’un disque dur saisi par un spécialiste de l’informatique peut déjà être intercepté et analysé au vol par les dispositifs d’inspection du trafic. Vous avez entendu parler d’UKUSA ? Eh ben on est en plein dedans mais au service des industriels et plus des nations.

Vous n’y croyez pas ? Pourtant, ces machines existent et sont en vente libre.

Le contournement possible ? Quasiment aucun pour les éditeurs de contenu, si ce n’est de trouver un autre canal de distribution que ceux qui sont surveillés.

Par contre, pour les clients de fournisseurs d’accès la solution est toute trouvée : les VPN, et des VPN chiffrés s’il vous plait. Il existera toujours des nations qui ne souhaiteront pas jouer le jeu de la censure des autres, ces gens la tiennent l’eldorado de demain. Ils commenceront par concentrer un tas de services VPN pour finir par attirer à eux tous les contenus jugés subversifs par les nations « vertueuses ».

On sait déjà détecter (par exemple) du peer2peer caché dans un VPN chiffré (sans, heureusement, pouvoir en connaitre le contenu). Les progrès en matière de camouflage sont donc à faire  par nos amis développeurs, mais il sera impossible de bloquer ce trafic qui finira par ressembler à une banale session d’achat en ligne (protocole TCP, port 443 chiffré SSL).

Sauf si ces messieurs sont suffisamment cinglés pour adopter …

Le filtrage par liste blanche

C’est l’inverse du filtrage par liste noire tel qu’il se pratique en bloquant les DNS ou en blackholant les IP de façon sélective. Il s’agit ici d’éditer une liste des adresses IP autorisées à diffuser du contenu et de rayer toutes les autres de la carte par blackhole. Bad trip, n’est-ce pas ? Et pourtant, ça pourrait arriver, un député l’a proposé à l’assemblée l’été dernier.

Heureusement, le net reste tenu par de bon vieux geeks qui s’empresseront de proposer un tas de contenus et de services de rebond plus ou moins cachés sur les-dites IP, le contrôle de tout ceci restant finalement dans leurs mains.

Amis férus de censure, vous allez réussir à dépenser des fortunes pour interdire l’accès à certains contenus … mais seulement pour ceux qui n’ont aucune envie d’aller les voir. Les gens qui s’en donnent les moyens accèdent toujours au contenu.

Et vous pouvez continuer à prendre la Chine pour exemple, c’est justement comme ça que ça se passe là bas. Vous pensez bien que ceux qui vont à l’encontre du système ne sont pas réellement enclins à le crier sur les toits, surtout dans un pays ou les têtes sont coupées plutôt que d’être mises derrière des barreaux.

C’est la même morale que pour la sécurité informatique. On dit souvent que la seule machine inviolable est celle qui est éteinte et enfermée dans un coffre, et que ça ne constitue en rien une sécurité absolue et définitive. Pour l’accès au contenu, c’est pareil, le seul moyen d’empêcher les internautes, tous les internautes, d’accéder au réseau, c’est de couper le réseau.

A bon entendeur …

21 Comments »

  • tengu said:

    Erff. Serait temps de faire un Internet3.0 et d’envoyer bouler tous ces croulants persuadés que Internet, c’est LE mal.
    En passant, très bon article, simple et clair.

    Juste une remarque – à priori, le coup de la liste blanche ne concernerait que les vilains tipiak qui se sont fait avoir par votre chère (dans tous les sens du terme) hadopi.
    J’appuie le « à priori » et « concernerAIT » ;).

    D’ailleurs, les listes blanches et autres sont tout autant contournables, bien que plus chiant (dns over ip et autres techniques de ce genre).

    Hey, en parlant de DNS over IP, est-ce qu’un article à ce sujet aurait une place dans ton blog ?

    ++

    T.

  • Bruno (author) said:

    Tout à fait, j’accepte tout article bien ficelé et qui soit sous licence CC-BY :)

  • Daygi said:

    @Tengu: L’avant-dernier Misc parlait justement du DNS over IP (c’est pas plutôt l’inverse? IP over DNS), et dérivé. ;-)

  • jemil said:

    Petite remarque concernant les DNS… Certains ont déjà commencé à forcer de facto leurs clients à utiliser leurs DNS: j’en ai fait l’expérience récemment en reconfigurant l’ordinateur de mes parents, clients d’un certain FAI défavorablement connu des geeks, et qui se vante d’avoir inventé « l’Internet par lui-même ».

    Vu le climat de censure actuel et même si mes parents se contentent de surfer sur quelques sites 200% légaux, j’ai réglé les DNS sur ceux d’OpenDNS. Coup de fil affolé le soir même: plus possible d’envoyer des mails!

    Je n’avais pas fait le lien, jusqu’à ce qu’après quelques recherches je découvre que « pour des raisons de sécurité » ce FAI bloque l’accès de ses serveurs pop/smtp à toute personne dont les DNS ne sont pas les siens. Bon, ce n’est pas encore du filtrage proprement dit, mais du coup j’ai du remettre les DNS d’origine…

  • Bruno (author) said:

    Ce sont juste les DNS locaux qui retournent la bonne information et les publics qui en retournent une autre. En forçant l’IP des serveurs POP/SMTP telle qu’elle est indiquée par les resolvers du FAI, ça passera … C’est pas le pied, mais bon ..

  • T0t0r0 said:

    Merci pour cet article qui est un exemple de plus de l’intérêt inexistant à long terme de telles pratiques. Ceci dit n’avait pas poussé le raisonnement jusqu’à la création de pays « Eldorado d’Internet ». Je suis preneur pour une liste de ces contrées qui auront su évoluer plus vite dans les domaines de NTIC :)

    Pour en venir au dernier paragraphe, si mes souvenirs sont justes, la déconnexion à Internet n’entrave pas les libertés fondamentales.

    Du coup, ta suggestion de couper en masse du réseau les vilains pédonazi qui téléchargent du Johnny à dos d’âne ou de mule, ne devrait pas tarder à venir à l’esprit de nos incompétents techniques … je voulais dire nos « dirigeants avisés ».

    [Ben, c’est pas ça qu’ils ont prévu, avec HADOPI ? Heureusement qu’ils attendent pas les idées de mon blog pour faire des trucs idiots :))]

  • T0t0r0 said:

    Je sous entendait par déconnecter: couper physiquement du réseau.

    Genre:
    « plock, j’ai débranché ton cable! tu la ramènes moins avec ton VPN chiffrés à papate avec je sais pas quoi dedans ! Mais bon si tu devais cacher tes données, c’est que tu devais être coupable :] A toi de prouver ton innocence »

    Idem pour Mami Michu qui va avoir le droit de ressortir sa radio à pile de sa jeunesse.

    Bizarrement, cette méthode m’a l’air aussi familière…
    /me ouvre les yeux

    AU SECOURS

    ===> []

  • Daniel L said:

    Bonjour Ben,
    Tu parles de VPN qui seront (c’est leurs natures) localisés. Je propose un autre un avenir : un réseau dans le réseau.
    Je t’invite (nan, je te pousse carrément au cul) à mater l’article wikipédia à propos de l’I2P (que je suis fait chier à blinder pour avoir une bonne note en « Système Distribué ».
    Dans ce monde fantastique tout le monde est un routeur et fait transiter l’info de ses voisins, l’adresse IP à disparu au profit d’une clef de chiffrage publique, il n’y a pas d’infrastructure, pas de données en clair, pas de filtrage, DPI et autre saloperies possible.

  • Cld said:

    «Pour en venir au dernier paragraphe, si mes souvenirs sont justes, la déconnexion à Internet n’entrave pas les libertés fondamentales.»

    Si si. Décision n°2009-580 du Conseil Constitutionel:

    «Considérant qu’aux termes de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 :  » La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi  » ; qu’en l’état actuel des moyens de communication et eu égard au développement généralisé des services de communication au public en ligne ainsi qu’à l’importance prise par ces services pour la participation à la vie démocratique et l’expression des idées et des opinions, ce droit implique la liberté d’accéder à ces services ;»

    L’accès à Internet N’EST PAS une liberté fondamental, mais l’accès à Internet PERMET l’exercice d’une liberté fondamental, et son importance actuel est tel qu’elle implique qu’une limitation de cette accès entrave une liberté fondamental.

  • Bruno (author) said:

    Je vais me faire un peu l’avocat du diable, j’aime bien ça. Ne peut-on pas considérer que « interdire quelqu’un d’internet » n’est pas stricto sensu identique à « couper la connexion au domicile de quelqu’un » ? Autrement dit, la partie adverse pourrait très bien argumenter sur le thème « on lui a coupé chez lui mais il n’y a aucun interdit d’aller au cybercafé (ou un quelconque autre endroit ou il y a du réseau) » pour contourner la décision du CC ?

  • Stéphane Bortzmeyer said:

    À propos de censure via le DNS et de blocage du port 53 : http://www.bortzmeyer.org/port53-filtre.html

  • Daniel L said:

    @Bruno
    C’est ce que mettais en avant Christine Albanel…
    Coupez l’eau courante du voisin et allez lui dire qu’il peux toujours acheter des bouteilles d’eau…

    On doit parler d’Internet courant?

  • Bruno (author) said:

    Je sais pas trop de quoi il faut parler, mais il me semble que la phrase est suffisamment mal foutue pour laisser vagabonder l’interprétation des gens :)

  • JPBigot said:

    Bonjour et bravo pour cet article clair et précis.

    Je suis bien en accord avec vous.

    Tout dépend de ce que l’on recherche avec un blocage sur internet.

    Il n’y a que quelques idiots (hélas parfois puissants et dangereux) pour imaginer peser sur les opinions par la censure. C’est illusoire et l’histoire les rattrapent un jour ou l’autre. Toutefois, les outils d’analyse du Net sont de vrais armes, réellement dangereuses pour les libertés.

    En revanche, le blocage de sites de cybercriminalité me semble autant légitime qu’indispensable (phishing, loteries bidon, contrefaçon de médicaments, .. ). De même que certains dérapages comme des appels à la violence, au suicide, la confection de bombes artisanales, etc..
    Il faut pouvoir protéger une victime d’un happy slapping.
    Il y a vraiment de tout et pire encore sur le Net.

    Nous défendons l’idée qu’une régulation « contrôlée » par une autorité spécialisée sur des objectifs légitimes est nécessaire :

    >>> http://pourunehauteautoritedunet.over-blog.com/#

    Et que les blocage DNS est le seul vraiment utile. Il est transparent et pédagogique dès lors que l’on explique pourquoi le site recherché est bloqué. Et peu importe si le blocage est contournable. On peut même imaginer qu’il soit facultatif, car les cas de nécessité de blocage impératifs sont finalement rares..

    Voir mon interview sur Numerama : http://bit.ly/nXEZGV

    Enfin, l’actualité en Libye nous montre que ces outils (cf en Libye) peuvent être dangereux dans de mauvaises mains.

    Ils doivent être classifiés : http://bit.ly/nWTyHX

    Enfin, saviez vous que OpenDns est filtré ? et oui ! Ils ont un accord avec Phishtank.com pour bloquer les sites de phishing. Finalement, il s’est créé spontanément sur internet une régulation (idem pour les Spam) venant de communautés autoproclamées, dont on ne sait pas grand chose, mais qui sont bien utiles. Alors, ne serions nous pas capables de créer une régulation d’état légitime, contrôlée et efficace, et respectant les libertés fondamentales ?

    Encore bravo pour votre article..

    JPB (je suis l’un des signataires du manifeste pour une Haute Autorité du Net)

  • Bruno (author) said:

    Le filtrage n’est *PAS* une solution acceptable. Filtrer est la solution facile pour les uns qui consiste à faire croire qu’on a fait disparaître le contenu alors qu’il est toujours la et dangereuse pour les autres car si on l’institutionnalise, on ouvre la porte à toutes les fenêtres de la censure par filtrage que personne n’ira contrôler « parce que c’est pour votre bien ».

    Si quelqu’un veut fabriquer une bombe, je m’intéresserai plus à ce qui l’a mené à cette envie qu’à ce qui lui permettra ou pas de le faire.

    Il faut voir plus loin que le bout de son nez. Les gens qui sont honnêtes sur internet rigolent déjà rien qu’à l’idée que certains puissent imaginer contrôler les contenus en filtrant avec du DNS menteur ou du blackhole BGP, alors « les méchants », tu penses bien qu’ils se marrent encore plus fort.

  • Bruno (author) said:

    Et sur les initiatives privées de filtrage, c’est fort bien, OpenDNS fait ce qu’il veut de son service. Ça n’a rien à voir avec un filtrage gouvernemental qui s’appliquerai obligatoirement a tous les acteurs du secteur.

  • JPBigot said:

    Je suis pas en accord sur tout..
    En fait, il ne faut pas raisonner par rapport à nous. Ni vous ni moi ne risquons réellement de nous faire piéger dans une arnaque du Net, nous sommes trop avertis. Mais si il y a du phishing, c’est qu’il y a des victimes, idem pour les contrefaçon de médicaments, idem pour la pédo et toutes sortes de contenus…
    L’exemple de la bombe est bien trouvé. C’est l’histoire des radars automatiques qui étaient plastiqués y a 2 ou 3 ans. Un jour, l’auteur s’est fait sauté la figure dans son appartement à Clichy, par accident, gravement mutilé, etc.. et a failli embraser tout l’immeuble. Ce garçon, psychologiquement fragile, avait trouvé les recettes sur internet.
    Aurait-on pu lui éviter ? pas sûr.. le site l’a-t-il influencé en concrétisant son projet ? sans doute en partie.. Etait-il un adulte responsable capable de jugement ? non.

    Pour un filtrage parfait qui consisterait à aller à la source, oui, ce serait idéal quand c’est vraiment nécessaire, mais pas forcément possible. Ce n’est pas une raison pour ne rien faire.

    Enfin, la porte ouverte à d’autres choses, cad des censures cachées,.. et bien justement non. c’est notre but d’une autorité, avec une seule porte, et contrôlée ! Et plus encore, il faut que par sa transparence, on ne puisse pas même suspecter l’autorité. Il faut des garanties.. La situation actuelle avec un maquis de textes et de voies diverses est bien plus dangereuse.

    Pour ce qui est de OpenDns, c’est facultatif de le prendre. Mais on peut admettre pareil qu’un filtrage DNS sur un contenu violent par exemple, soit facultatif.. vous êtes prévenu.. faites comme bon vous semble! et on vous empêchera jamais d’aller sur 8.8.8.8. Finalement, les blocages impératifs seront sans doute plus rares. Par contre Mme Michou est protégée, autant que faire se peut.

  • Bruno (author) said:

    J’aime bien « Mme Michou », c’est mignon :)

    Il faut donc distinguer l’accès non voulu par l’internaute à certains contenus (fishing, porn, faux viagra …) et l’accès non voulu « par la communauté » au titre de la morale ou de la sécurité (négationnisme, fabrication de bombes, pédoporn …)

    Le premier n’a pas besoin de filtrage imposé au FAI, il a besoin d’un soft sur la machine de l’utilisateur qui veut se protéger de ces contenus. Les plugins pour navigateurs existent déjà et certains l’ont activé par défaut et ça fonctionne très bien.

    Le second est une question de philosophie. Toute contrôlée qu’elle soit, la création d’une autorité capable de juger « ça, bien, ça pas bien » et d’imposer ce jugement à toute la population sans possibilité d’y déroger simplement, c’est quelque chose que je ne trouve pas acceptable, quelle que soit la raison invoquée.

    L’enjeu de la liberté de communication est trop grand face à la protection d’un inconscient qui se fait sauter la caboche dans son garage avec une bombe artisanale qui aurai du être aidé en amont et autrement qu’en tentant maladroitement de l’empêcher de se documenter.

    Je ne me sens pas moi-même concerné, puisque je sais très bien que je saurais déroger à tout filtrage quoi qu’il arrive, ce qui ne sera pas le cas de Mme Michu.

  • JPBigot said:

    vous dites : –Toute contrôlée qu’elle soit, la création d’une autorité capable de juger « ça, bien, ça pas bien »–. en fait oui, elle décide, mais par contre elle ne décide pas de ce qui est bien ou non : elle applique la loi, et elle n’est pas perdue pour cela, il y a une abondante jurisprudence dans bien des domaines.

    Ceci dit, quand il s’agit d’un phishing, c’est vite vu. A mon avis, il y a des sujet plus complexes où elle devrait se considérer incompétente, par exemple tel slam violent est-il un appel à de la violence où de la liberté d’expression.. au juge de le décider.

    Entre une société où chacun est responsable de soi, et celle qui protège chacun malgré lui si il le faut, le paradigme n’est pas nouveau, du moins dans le monde réel. Internet est un nouvel espace de liberté. Maintenant qu’il s’ouvre à Mme Michou, ses parents et ses enfants, rien de surprenant que les règles de notre monde réel doivent s’y appliquer.
    Lutter contre la cybercriminalité est devenu une mission publique incontournable, mais j’espère bien que internet restera impertinent, incontrôlé, libre..
    Notre société n’offre que restrictions, réglementations, interdictions, frustrations, et politiquement correct. C’est déprimant! j’ai eu de la chance, la fin des années 70 étaient beaucoup dynamiques, bouillonnantes, énergiques, insouciantes qu’aujourd’hui.. et je n’imagine pas qu’on rajoute une « régulation » au delà du strict nécessaire, c’est-à-dire protéger contre des dérapages ou des escroqueries du Net.

  • Bruno (author) said:

    Admettons … reste le problème simple du filtrage qui ne fait que filtrer, qui ne s’appliquera pas a tous, et qui surtout ne supprimera pas le contenu.

    Je ne sais plus ou je l’ai dit, mais un bidule quelconque (ministère, AAI, branche de la justice, …) adressant spécifiquement les problématiques d’internet, why not, mais pas avec pour arme principale le filtrage, c’est idiot.

  • JPBigot said:

    Merci pour le « bidule » …
    Est-ce que j’ai une gueule de bidule …?!! :-)

    Je suis entièrement d’accord.
    D’abord, je n’aime pas le mot filtrage : c’a veut dire « on lance un filet » et on regarde ce qui tombe ! inacceptable. Blocage est plus discriminant.

    Ensuite, oui, il y a d’autres moyens d’intervention, et d’abord émettre une demande, une injonction, etc.. et bien d’autres, on est preneur !

    Mais le débat s’est cristallisé sur le blocage, c’est logique, mais c’est le stade ultime. Le filtrage est appliqué si l’auteur ne retire pas, ou que l’on ne peut atteindre la source. A l’impossible, nul n’est tenu.

    L’autorité doit regarder dans toutes les directions, et tous les acteurs, et non viser juste une catégorie (comme l’a fait Hadopi).
    C’est ainsi que l’autorité doit veiller aussi à la neutralité du Net, à l’égalité d’accès, etc…
    Et surtout, elle ne doit pas être qu’un gendarme, mais avant tout une protection et une aide.

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