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Petit point sur les crypto

31 décembre 2020 3 commentaires
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[Avec la montée des cours, bitcoin en tête, il est temps de faire un petit point sur les cryptos. Si vous débarquez, je vous renvoi aux articles écrits ici même depuis 2013 pour comprendre les bases. Bien entendu, ce qui suit n’est pas un conseil d’investissement … « Do Your Own Researchs ! »]

Cet univers est encore très sulfureux et peuplé de légendes parfois obscures. On se croirait dans un remake du Seigneur des Anneaux.

Il était une fois la crise de 2008 et un Satoshi Nakamoto qui cherchait un moyen de débarrasser notre monde des turpitudes bancaires et étatiques en s’attaquant au nerf de la guerre : la monnaie. Mettez tout ça dans un mixeur, et PAF, ça donne le bitcoin dont le bloc 0 de la chaîne a été crée le 3 janvier 2009.

Ça vaut littéralement rien

La notion de valeur des choses est plus épineuse qu’on ne le croit. C’est encore bien pire quand la « chose » n’est ni un objet tangible ni un service. Les 18 premiers mois de sa vie, le bitcoin ne valait littéralement rien : on ne trouvait personne en ce bas monde qui acceptait d’en recevoir en échange d’autre chose.

On peut valablement se questionner sur sa valeur aujourd’hui. Si on peut obtenir presque 30000 $ en échange d’un bitcoin à l’heure ou j’écris ces lignes, ça n’est qu’une valeur marchande … mais a-t-il une valeur intrinsèque ? Un melon a également une valeur marchande, mais sa principale valeur intrinsèque est qu’on peut se nourrir avec. Notez qu’une fois qu’on a mangé le melon, sa valeur marchande est quasiment tombée à 0.

Un bitcoin, et plus largement toutes les cryptos, ça ne se mange pas.

La blockchain

C’est une différence que les habitués font sans problèmes mais qui est assez compliquée à appréhender pour un novice. Le bitcoin en lui même n’a pour seul avantage d’être la première application du principe de blockchain. On compte plusieurs milliers de choses qui peuvent s’apparenter à des monnaies sur une grosse vingtaine de blockchain « principales » .. Mais .. c’est quoi, une blockchain ?

C’est une chaîne de blocs pardi ! Thank you, cap’tain obvious !

Vous pouvez vous référer au lien en haut de l’article si c’est la partie technique qui vous intéresse. En dehors de ça, le point le plus important à retenir, c’est que la blockchain ouvre une possibilité qui était jusqu’alors absente : la transmission destructive de valeurs numériques.

Je m’explique : l’informatique au sens large, et internet en particulier, est une machine à copier. Lorsque vous imprimez un texte, il est copié de votre disque dur à la mémoire de l’ordinateur, puis de la mémoire de l’ordinateur à celle de l’imprimante pour enfin être imprimé sur du papier, après quoi, les deux mémoires font du ménage. Lorsque vous envoyez un mail, il est copié par chaque serveur au serveur suivant jusqu’au serveur destinataire. Lorsque vous consultez une image sur le web, elle est copiée sur votre ordinateur…

Il n’y avait, avant 2009, aucun moyen de s’assurer que quelque chose était bien transmis au destinataire *et* inaccessible à l’émetteur. On pouvait au mieux, en reposant sur des tiers de confiance, s’en approcher, mais sans l’atteindre vraiment.

La blockchain permet et organise la comptabilité des échanges entre personnes (physiques ou morales hein, peu importe) sans autorité centrale. C’est ça la « grosse innovation ».

Les 2 pizzas à 10000 bitcoins

Le 22 mai 2010, le bitcoin connaît sa première « valorisation ». C’est en tout cas la plus ancienne trace de transaction en bitcoin. Ce jour là, Laszlo Hanyecz a donc acheté deux grandes pizza en échange de 10000 bitcoins. 5000 bitcoin la pizza, si on imagine une pizza à 15$, on peut donc, à compter de cette date, valoriser 1 BTC = 0.003$.

C’était il y a un tout petit peu plus de 10 ans. En 10 ans, la valeur du bitcoin a donc été multiplée par 10000000 (oui, 10 millions).

2011, les débuts

Avant la fin de l’été 2010, on ne trouve pas réellement de graphique de valorisation. Voici les deux premières années sur lesquelles tout est dit :

Le 1er septembre 2010, le bitcoin était donné pour une valeur de 0.06$ la pièce. Les 1$ étaient franchis le 14 avril 2011 pour arriver à quasiment 30$ 2 mois plus tard le 8 juin avant de retomber comme un vieux soufflet autour de 2$ le 15 novembre.

Ce sont de petits chiffres, donc pas franchement impressionnant, mais si ça peut vous faciliter la compréhension, réfléchissez en milliers de bitcoins, ça donne en l’espace d’un an et demi :

  • 3$ le 22 mai 2010
  • 60$ le 1er septembre 2010
  • 1000$ le 14 avril 2011
  • 30000$ le 8 juin 2011
  • 2000$ le 15 novembre 2011

Le disque dur perdu

Une autre légende est celle du disque dur perdu dans une déchetterie, contenant 7500 bitcoins. Ces légendes urbaines n’aident pas à comprendre les choses. Un disque dur ne contient pas de cryptos. Il contient éventuellement les clés permettant de les manipuler.

La blockchain, comme expliquée plus haut, tient la comptabilité des échanges. « Jean Kévin a donné 1 bitcoin à Alphonse le 31 décembre 2020 » est une transaction. Pour écrire ça dans la blockchain, il faut que Jean Kévin :

  • Ai reçu ce bitcoin de quelqu’un d’autre (ou qu’il provienne d’une création de bloc)
  • Qu’il connaisse l’adresse d’Alphonse
  • Qu’il ai à sa disposition sa clé privée permettant de signer la transaction

Une clé privée est une suite imbitable de lettres et de chiffres, comme un mot de passe géant, qu’il est humainement impossible de retenir. On peut, sous une forme un peu plus humaine, avoir une suite de mots intelligibles qui eux même vont pouvoir donner cette clé, mais une vingtaine de mots à apprendre par coeur quand on n’a pas besoin de les taper tous les matins, c’est pas gagné non plus.

Bref, le disque dur perdu dans la déchetterie ne contenait pas les bitcoins, il contenait la clé privée que son propriétaire avait négligé de garder au chaud quelque part. Ces bitcoins dataient de janvier et février 2009 et sont partis à la poubelle en 2013. Au cours actuel, on parle de plus de 200 millions. La boulette, quoi.

Les altcoins

C’est vers cette époque que commencent à émerger les altcoins. Ce terme décrit l’ensemble des cryptos qui ne sont pas le bitcoin. Ils représentent environ 40% de la valeur totale aujourd’hui. A l’époque il s’agissait surtout de créer des clones quasi identique au bitcoin en espérant en tirer des profits. Il n’en reste qu’assez peu de cette époque qui surnagent encore aujourd’hui exception faite du litecoin.

Il faudra attendre 2015 pour voir l’arrivée d’Ethereum et d’une grosse évolution dont on parlera un peu plus loin.

2013/2014 le début des braquages

Il nous faudrait vraiment des films là dessus. Le sujet est techniquement passionnant et psychologiquement palpitant. Pas facile, ceci dit, de le retranscrire à l’écran je pense.

Début 2013, le cours du bitcoin est autour de 13$. Certains geeks sont nostalgiques des 30$ atteints mi 2011 et se disent qu’ils ont perdu leur argent. Pourtant, le 9 avril de la même année, le cours dépasse les 200$ pendant quelques heures avant, une nouvelle fois de retomber. Vous vous souvenez du graphique de 2011 plus haut ? Regardez comme cette période semble insignifiante sur celui-ci :

mais, de la même façon que 2011 parait ridicule face à 2013, ce n’est rien comparé à ce qui s’est passé en 2014 :

Je ne vous fais pas le détail des chiffres, l’évènement intéressant de l’année est le braquage du site MtGox. C’était, à l’époque, la principale plateforme d’échange de bitcoin mondiale, pilotée depuis le Japon par un français et qui a brutalement fermé ses portes suite au vol de 750000 bitcoins.

Pas de flingue ni d’effraction à la voiture bélier. Ces bitcoins sont partis petit à petit des portefeuilles de l’entreprise au profit d’un (ou plusieurs ?) pirates. Que faut-il retenir ? Que malgré la croyance légendaire, le bitcoin n’a rien d’une monnaie anonyme intraçable. De nombreux yeux sont rivés sur les 650000 bitcoins en question (850000 étaient réputés perdu mais 200000 ont été retrouvés depuis) et les conclusions semblent pointer vers un informaticien russe. Ceux qui aiment les films d’espionnage et les histoires à rebondissement peuvent se documenter en cherchant « mtgox stolen funds » sur leur moteur de recherche préféré.

L’échelle logarithmique

On l’a vu à deux 3 reprises, en 2011, 2013 et 2014. A force d’empiler les montagnes qui rendent les précédentes ridicules, certains représentent à présent le bitcoin sur une échelle logarithmique, ce qui a l’avantage de donner quelque chose de plus « lisible », mais ça reste perturbant pour le cerveau :

Sur cette représentation, la poussée de 2011 prends une place bien plus impressionnante que celle de fin 2017 ou le bitcoin avait frisé les 20000$.

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures, mais ça n’empêche pas certains de prédire un bitcoin dépassant les 100000$ en 2021.

L’or et la rareté

Le gros de la réflexion faite par ces analystes qui promettent des montagnes se base sur une comparaison avec l’or.

Si l’intention de départ du bitcoin était de proposer une monnaie décentralisée et à l’abri des manipulations, la réalisation concrète est foirée pour une raison toute simple : le réseau bitcoin a une limite intrinsèque logicielle d’environ 5 transaction par seconde. Il n’est pas impossible d’en émettre plus, mais la blockchain ne grossi que d’1Mo maximum toutes les 10 minutes environ et on peine à réduire encore l’espace occupé par une transaction.

Pour comparer ce qui est comparable, le réseau VISA traite manifestement plus de 7000 transactions par seconde en moyenne … ce n’est donc pas bitcoin qui va révolutionner le règlement de votre petit crème au comptoir, d’autant que pour qu’une transaction soit validée, il faut augmenter les frais correspondants, donnant parfois plusieurs dizaines d’euro de frais … pas génial pour payer un café 1€.

Par contre, ce que bitcoin réussi très bien, c’est de servir de « réserve de valeur ». Entendons nous bien, c’est une pure convention sociale qui est entrain de se mettre en place. De même que la valeur de l’or n’est dictée que par le marché, celle du bitcoin également. Et le bitcoin a une caractéristique commune avec l’or : sa rareté.

Pour le coup, c’est une convention logicielle, il n’y aura jamais plus de 21 millions de bitcoins en circulation. Moins que de millionnaires en ce bas monde. Si on considère que le bitcoin est, comme l’or, une « valeur refuge », et qu’il rentre dans la composition des portefeuilles d’une majorité des gens qui pratiquent l’investissement, on peut envisager tous les délires.

L’énergie, le travail et le stake

J’ai déjà fais quelques articles, dont un sur le NXT en 2014 (paix à son âme), à propos des différences entre la « proof of work » et la « proof of stake ». Il existe encore quelques autres mécanismes de consensus, je ne vais pas faire le tour. Juste un rapide mémo sur la chose.

Avoir une blockchain, c’est bien. Ça enregistre les transactions entre les gens. Quand cette blockchain sert à s’échanger une monnaie, il faut bien qu’elle soit crée d’une manière ou d’une autre. On peut tout bêtement créer l’ensemble de la monnaie au début de la blockchain, mais se pose alors la question de comment on la réparti ensuite. Si je crée demain la spyouchain et que je crée au début 1 milliard de spyoucoin que je me met dans la poche, je fais quoi après ?

Le bitcoin (et pas mal d’autres) ont décidé de fabriquer la monnaie à chaque ajout de bloc à la chaîne. Pour simplifier un peu, chaque bloc contient X transactions et une création de nouvelle monnaie qui est attribuée à celui qui a crée le bloc. Dès lors, il y a un intérêt à créer des blocs puisqu’on obtient de la « monnaie gratuite ». Mais pas si vite, il faut que les blocs soient crées de manière régulière (dans le cas du bitcoin, 10 minutes), l’algorithme que tout le monde applique va donc artificiellement augmenter la difficulté pour créer un bloc s’il s’en crée trop souvent (et inversement, la baisser si on a des blocs trop éloignées de la cible « un toutes les 10 minutes »).

Cette difficulté est symbolisée par un « nonce », une simple suite de chiffres aléatoirement tiré au sort. Pour qu’un bloc soit valide, il faut qu’il contienne :

  • le hash du bloc précédent (sorte de signature numérique unique, qui sert à matérialiser la chaîne)
  • des transactions valides (l’émetteur disposait bien des fonds)
  • un nonce
  • que le hash de l’ensemble de ces informations (qui va servir de base au prochain bloc) commence par un certain nombre de 0

Le fait de tirer un chiffre au sort (le nonce) et de calculer le hash d’un bloc pour voir s’il commence par le bon nombre de zéro est une opération triviale et ultra rapide. Un simple smartphone est capable de le faire plusieurs milliers de fois par seconde. Mais le nombre de 0 à obtenir au début du hash d’un bloc est tellement élevé aujourd’hui qu’il faut faire un nombre d’essai démentiel pour avoir statistiquement une chance de tomber sur le bon nombre de zéros. Au moment ou j’écris ces ligne, l’ensemble des machines du réseau bitcoin dédiées à cette opération la réalise 160.000.000.000.000.000.000 fois par seconde et, globalement, une de ces opération réussi en gros une fois toutes les 10 minutes (il y a donc statistiquement 9,6×10²² opérations qui échouent pour une qui réussi).

Le fait d’être celui qui réussi cette opération aujourd’hui vous gratifie de 6.25 bitcoins, soit peu ou prou le prix d’une petite maison dans une ville de province.

Certains médias vous parlent des « opérations mathématiques complexes destinées à protéger la blockchain ». En réalité, ce sont simplement des ordinateurs qui tirent des chiffres au sort et font des additions avec et recommencent jusqu’à tomber sur un truc particulier pour limiter la vitesse de création de nouvelle monnaie (les puristes me pardonneront, c’est bien plus compliqué et vaste que ça, je vulgarise, Michel, OK ?!). L’opération mathématique la plus complexe de l’histoire consiste à vérifier qu’une transaction est valide. Là encore, c’est trivial pour un ordinateur et ça ne prends que quelques millisecondes.

Cette façon de faire se nomme le proof-of-work : vous avez fait la preuve que vous avez bossé (tiré des chiffre au sort et fait des additions), donc vous êtes impliqué dans l’histoire, donc vous avez tout intérêt à ce que ça se passe bien, donc on accepte de vous laisser fabriquer le prochain bloc de la chaîne et on vous remercie en vous donnant un peu de sous (enfin, beaucoup de sous). Si demain tous les gens qui font tourner des ordinateurs pour fabriquer des bitcoins se débranchaient du réseau et qu’il n’en restait qu’un, il n’y aurait toujours qu’un bloc toutes les 10 minutes et il suffirait d’un iphone 2 pour faire tourner tout bitcoin.

On crame donc des gigawatts d’électricité et une quantité phénoménale de matière première pour fabriquer des ordinateurs spécialisés dans le tirage au sort de chiffre et les additions pour … savoir qui a la plus grosse. C’est bien humain.

Certains ont tenté de faire mieux pour résoudre ce problème de rythme de création de la monnaie et de qui a le droit de valider des transactions : c’est le proof of stake. Tu prends le premier ordinateur venu, tu fais tourner un petit logiciel dessus, tu indique que tu bloque une certaine quantité de monnaie dans la chaîne, foi de quoi la chaîne calcule d’elle même la probabilité que ce soit ton ordinateur qui ai le droit de faire le prochain bloc. Si tu tente de tricher, l’argent que tu as bloqué est perdu. Plus besoin d’infrastructure monstrueuse pour savoir qui a la plus grosse, mais un autre problème bien connu du capitalisme : c’est toujours celui qui a le plus de thunes qui gagne le plus de thune.

Au moins, ça a moins d’impact énergétique et sur l’environnement, c’est déjà ça.

Les smartcontracts

On a surtout parlé spéculation pour l’instant. Des gens qui s’échangent un bidule numérique sans valeur intrinsèque pour des montants délirants.

L’Ethereum (seconde plus grosse crypto après le bitcoin) est arrivé en 2015 avec un concept novateur dans la blockchain : les smartcontracts. Qu’on se rassure, on est encore loin d’avoir des choses utilisable par Mme Michu, mais ça avance doucement.

Pour essayer de vous simplifier l’histoire, visualisez donc la kyrielle d’ordinateurs qui font tous la même chose pour tenter d’avoir l’insigne honneur de pondre le prochain bloc. Mettez un bout de programme au lieu d’un chiffre dans une transaction, et PAF, ça fait un smartcontract.

Il s’agit d’un langage de programmation assez sommaire avec bien peu de fonctionnalités, mais ça permet énormément de choses. Par exemple, un smartcontract simple peut être « le 25 décembre 2021, envoyer 1 bitcoin à telle personne ». Ce contrat est publié sur la blockchain, tout le monde peut le constater, il est inévitable que le 25 décembre 2021 un bitcoin soit envoyé à cette adresse, on ne peut pas l’annuler. A vous d’inventer la vie qui va avec (par exemple construire une maison).

Le premier usage massif de ces smartcontracts a été la création de tokens. Vous pouvez voir ça comme des sous-monnaies dans une blockchain. Je parlais plus haut de créer le « spyoucoin », c’est quelque chose qui prends 5 minutes et une petite vingtaine d’euro de frais de blockchain sur Ethereum. Concrètement, je créer un contrat qui fabrique X spyoucoin et je dis à ce contrat de me les attribuer. Je peux ensuite les envoyer à des gens comme je veux et les gens peuvent (ou pas, ça se programme dans le contrat) se les échanger.

C’est ce qui a permis, en 2017, énormément de levées de fonds. Plutôt que de s’enquiquiner avec des papiers, des chèques et des virements, des startups ont crée des tokens sur une blockchain qui représentent des parts de leur capital et les ont vendu contre des bitcoins ou des ethereums qu’ils ont ensuite revendu sur le marché contre des euro ou des dollars pour financer leurs activités. Le marché fait ensuite son œuvre : si les promesses de l’entreprise sont tenues, des gens veulent en posséder un bout et vont donc chercher à acheter le token en question, faisant grimper son prix par la loi de l’offre et de la demande.

Not your key, not your coin

On a vu plus haut que des gens avaient perdu des millions dans des disque dur balancés à la poubelle … C’est un risque quand on gère soi même ses clés, mais on a aussi vu le casse du siècle chez MtGox en 2014 ou des gens avaient fait confiance à un intermédiaire et avaient confié leurs bitcoins et se sont retrouvé victimes collatérales.

On peut aussi parler de la néobanque Revolut qui fut une des premières à intégrer les cryptomonnaies … mais sans possibilité de les sortir. Vous achetez un bitcoin chez Revolut, il restera chez Revolut. Si vous voulez l’en sortir, il faudra le revendre à Revolut, récupérer les euro, faire un virement et racheter un bitcoin.

Avoir avec soi la clé privée qui correspond à ses crypto, c’est un risque. De se la faire voler, de la perdre, qu’elle parte dans l’incendie de la maison. On reviendra plus bas sur ces risques, mais une chose est claire, il faut absolument éviter d’avoir tous ses oeufs dans le même panier. Les entreprises qui proposent des services autour des cryptos sont jeunes et certainement pas à l’abri des emmerdes. On évitera donc de leur confier toutes nos économies, et si on le fait, on prendra soin de les répartir dans plusieurs entreprises.

Les oracles et la defi

On peut également, sur les blockchain à smartcontracts, opter pour la finance décentralisée. Elle existe principalement sur Ethereum ou on trouve tout un tas de contrats qui agissent comme des places de marché. Pour simplifier :

  • Des gens prêtent des cryptos aux contrats eux même contre une rémunération fixe ou variable
  • Le contrat en question pilote de façon 100% automatique les échanges entre cryptos (au sein d’une même transaction avec un de ces contrats, vous envoyez une crypto X et vous recevez une crypto Y)
  • Vous restez donc en permanence propriétaire des fonds et vous n’avez jamais besoin de faire confiance à un tiers qui piloterai les échanges

Reste un problème majeure : comment fait le smartcontact pour savoir qu’un YFI vaut 300 ethereum à telle heure et 290 à telle autre ? Il fait appel à un Oracle. Ouais, comme dans Matrix.

L’idée est d’avoir une colonie de logiciels, eux aussi répartis et pas sous la coupe d’un seul et même individu ou d’une même entreprise, qui vont faire le pont permanent entre le monde réel et les smartcontracts et ce d’une façon la plus difficilement falsifiable (par exemple, pour être bien sûr de lui, on peut programmer un smartcontract pour faire appel à 10 oracles différents pour récupérer la même information et éliminer d’emblée les résultats jugé fantaisistes)

Partant de là, on peut imaginer des smartcontracts rigolos, par exemple, un freezetoken qui serait crée automatiquement et distribué à tous les gens qui le souhaitent quand la température à tel endroit du monde passe en dessous de zéro.

Je ne sais pas si celui-ci existe, mais l’application principale des oracles reste le suivi de marché pour permettre à la DeFi (Decentralized Finance) de fonctionner.

Les stablecoins

Le bitcoin, ça fait peur à 99% des gens, parce qu’on l’a vu plus haut, ça a une valeur qui varie tout le temps. Pour faciliter la vie des spéculateur mais aussi « régler » ce problème, les stablecoin ont vu le jour. Il s’agit de tokens émis par un smartcontract et qui sont garantis, soit par un autre smartcontract, soit par une entreprise, soit (bientôt, les chinois seront les premiers) par un état pour avoir constament (à quelques dizièmes de pourcents près) une valeur fixée sur quelquechose.

On trouve des stablecoin en dollar (USDT et USDC qui sont « pilotés » par des boites et le DAI, piloté par un smartcontract totalement décentralisé), en euro, indexés sur l’or, etc …

C’est un outil potentiellement utile lorsqu’on ne veut pas revenir voir une banque mais tout de même avoir une partie de son argent dans une devise ou matière première donnée et qui soit moins exposée aux marchés. Ceci dit, ça suppose de faire confiance soit à un intermédiaire, soit aux talents de développement des gens qui créent les smartcontracts correspondants.

On peut noter que le DAI a fort bien résisté jusqu’à présent sans grosse variation.

Le lending, brorowing et yield farming

Encore un coup des fameux smartcontracts. Vous avez saisi que les oracles servent à faire le pont entre blockchain et monde réel (parfois même entre deux blockchain distinctes). Mais un oracle, ça n’a pas de bras et ça ne peut pas venir te casser les doigts si tu ne rembourse pas un crédit.

La notion de crédit en crypto est donc un brin différente : pour emprunter de la crypto, il faut … avoir de la crypto. L’idée de base un peu barrée est la suivante : vous avez des ethereums que vous voulez garder mais en même temps vous aimeriez bien mettre des dollars sur votre compte en banque pour refaire le toit de la maison. Vous allez envoyer vos ethereums en séquestre à un smartcontract, mettons pour un équivalent de 10000$, et en retour, le smartcontract va vous renvoyer pour 7000$ de stablecoin dont vous pourrez faire ce que vous voulez.

Si vous voulez récupérer vos ethereums, il faudra envoyer les 7000$ de stablecoin au smartcontract. Si la valeur de l’ethereum chute trop et que ça ne suffit plus pour garantir vos 7000$, ils seront vendus sur le marché par le smartcontract et vous ne pourrez plus les récupérer (mais vous garderez les 7000$ en stablecoin). Si leur valeur augmente, vous pourrez emprunter plus de stablecoin si vous le souhaitez, ou bien simplement laisser vos ethereum sous séquestre et les récupérer plus tard

Évidemment, la finance étant ce qu’elle est, ce principe est associé à un coût : vos ethereums fondent petit à petit avec le temps représentant le « coût du crédit » que vous avez effectué.

Pour mieux visualiser, voilà ce que ça peut donner :

  • Vous déposez 10 ethereums contre 5000 $ en DAI à un moment ou l’ethereum vaut 730 $
  • Votre taux d’emprunt annuel est de 10%
  • Un an plus tard l’ether vaut 1200 $
  • Vous rendez les 5000 DAI pour récupérer vos ether, vous en récupérez 9 (coût du crédit déduit), soit 10800 $
  • Vous avez « perdu » 1200 $ dans l’opération mais vous avez pu utiliser 5000$ pendant un an à ce que vous vouliez sans toucher à vos ethereums
  • Si vous étiez malin, vous aviez pris un bout de ces 5000$ pour acheter 2 ethereums de plus (pour 1460 $ donc) et vous vous retrouvez, à la fin de l’opération, avec les 11 ethereums (9 + les 2 achetés) pour moins cher

Évidemment, si le cours de la crypto en question se casse la gueule en cours de route, c’est moins rigolo.

De l’autre côté, le smartcontract, il ne les invente pas, les stablecoin. Il les a en stock parce que des gens lui ont envoyé sans aucune contrepartie mais avec l’assurance de percevoir la majeure partie des frais qui vous seront débités. C’est le principe du farming : prêter de la monnaie aux smartcontracts contre des intérêts.

Faut pas y aller

J’en vois qui bavent au fond. On se détend. Un règle d’or en crypto : n’y mettez pas un centime si vous n’êtes pas prêt à le perdre. Vraiment.

Je n’ai quasiment aucun doute que tout ça ne va faire que monter mais c’est une histoire de psychologie : si vous mettez des sous que vous considérez comme perdu, le fait qu’ils perdent 30 de leur valeur en 10 minutes ne vous fera ni chaud ni froid et ça remontera de 45% la semaine suivante. Si vous êtes rivés sur les compteurs toute la journée, vous allez paniquer et acheter ou vendre au pire moment.

Pour ma part, je prends un montant fixe chaque mois, juste après la paie, et je le met dedans comme j’ai pu le faire pendant des années avec un compte épargne. Ça m’arrive parfois d’attendre un peu avant d’acheter quand ça vient juste de monter très fort.

Second conseil donc, si vous voulez choisir vos moment pour acheter des cryptos : acheter quand ça vient de se casser la gueule, pas quand c’est entrain de monter.

Si vous vous sentez une âme d’explorateur, vous pouvez prendre une petite somme pour « jouer » avec des trucs étranges.

Les gens sages aujourd’hui mettent 1 à 5% de leur épargne globale en crypto et ne dépassent pas 10% de ces 1 à 5% pour jouer aux traders.

Si vous n’avez pas d’épargne mais que vous voulez quand même vous y mettre, ne vous focalisez pas sur le nombre de zéros de la valeur du bitcoin, 10 € en bitcoin, c’est possible, c’est ridicule quand on le regarde (0,000434783 BTC) mais ça vaudra quand même 100 € si la valeur du bitcoin fait x10. Si vous aviez mis 10 € tous les mois entre le 1er janvier 2018 et maintenant, vous auriez 1430 €, soit pas loin de 4 fois ce que vous aviez mis dedans.

Et si demain le bitcoin se pète la gueule, vous avez perdu 10 € par mois.

Les portefeuilles

On dirait qu’il y en a qui s’impatientent. J’vais essayer d’accélérer.

On a vu plus haut qu’on peut, au choix, avoir ses clés privées avec soi (et donc être maître de ses cryptos) ou bien les confier à des plateformes.

Les avoir avec soi, c’est toujours mieux, mais ça suppose une bonne hygiène informatique. Une clé privée, c’est jamais qu’un fichier qui contient ce genre de chose  :

E9873D79C6D87DC0FB6A5778633389F4453213303DA61F20BD67FC233AA33262

Si vous effacez le fichier, c’est mort. Si vous le recopiez sur un papier et que vous vous trompez d’une lettre ou d’un chiffre, c’est mort. Si le papier brûle avec votre ordi qui est à côté, c’est mort Si un virus passe par là, repère la clé et l’envoi au premier imbécile venu, il vide vos cryptos en 12 secondes, c’est mort. Si vous le stockez chez mamie et que votre petit cousin passe par là, il va tout piquer et vous le saurez probablement jamais, c’est mort.

Du coup, avoir sa clé privée sur son ordinateur, c’est *vraiment* pas l’idée du siècle, ou alors uniquement pour de petits montants. Si vos cryptos sont une forme d’épargne pour vous, il faut passer à plus sérieux.

La majeure partie des gens qui évoluent dans cet univers sont d’accord pour souligner la pertinence de la solution des portefeuilles physiques. Ça tombe bien, le leader mondial du secteur est français (sisi), c’est Ledger, et ça ressemble à ça :

En gros c’est un tout petit ordinateur (taille « grosse clé USB ») qui contient la clé privée et une interface minimaliste servant juste à dire « oui, je suis d’accord pour cette transaction ». Tout le reste se passe sur votre ordinateur, mais la clé qui signe la transaction ne sort jamais de la clé USB, donc aucun risque de se la faire piquer par un virus informatique ou autre.

A l’occasion de l’initialisation de la bestiole, elle vous donne 24 mots (anglais, désolé) qu’il faut garder en lieu sûre et qui sont une transcription humainement intelligible de la clé privée qu’on a vu plus haut. Vous perdez votre portefeuille hard, volé, détruit ? Pas de soucis, vous en prenez un nouveau, vous rentrez vos 24 mots dedans, et pouf, toutes vos cryptos sont revenues.

Il existe une demi douzaine de fabricants à peu près sérieux de ce genre d’engins, ça va de 50 à 500 €, ce n’est donc pas une ruine mais pas non plus indolore. A considérer à partir du moment ou vous avez plus de 500 ou 1000 € en cryptos.

Le stockage des seed

La seed, c’est cette suite de mot qui sert de « backup ». Quand on achète un portefeuille physique, on a des petits cartons livrés avec ou on est censés noter les mots. C’est sympa, mais posé sur le bureau à côté du clavier ou même rangé dans un calepin, c’est pas génial.

On peut éventuellement découper le petit carton et cacher différentes parties à différents endroits … Mais ou ? Chez qui ? Et comment va-t-on se souvenir de tout ça dans 5 ans quand on aura cassé son petit appareil et qu’on voudra récupérer ses cryptos ?

On trouve tout un tas d’idées sur le net en la matière. Pour ma part, je suis assez fan du concept de transformer les 24 mots en plusieurs QRCode et de les distribuer dans des groupes d’amis proches en s’assurant soit de la fidélité de ces amis, soit de faire en sorte qu’au sein d’un même groupe social ils ne puissent pas récupérer toute la suite de mot.

On peut également se baser sur les concepts développés par Adi Shamir dans ses travaux sur les clés RSA (c’est lui, le S de RSA, pour les plus geeks) qui consistent à séparer un message en petits bouts totalement inintelligibles mais qui, en partie réunis, permettent de retrouver le message (par exemple avoir un découpage en 10 petits bouts en décidant qu’il suffit d’en réunir 6 pour retrouver le message). Vous pouvez vous documenter sur le Shamir Secret Sharing pour en savoir plus.

Et enfin, reste le problème de la durabilité et de la résistance au feu ou à d’autres éléments, et on trouve pour cela des solutions autour d’une centaine d’euro à base de plaques de titanes à graver ou à ordonner qu’on peut ensuite vraiment cacher n’importe ou (dans la terre, sur un toit, dans un vide sanitaire, en haut de la tour Eiffel, sous les cendres du barbecue, …)

Ou en acheter/vendre ?

Ahaaaa … LA question à 29000 $ !

Trois grandes façons :

  • via des sites de trading / places de marchés
  • via des app sur mobile
  • en direct avec des gens

La troisième est contre-intuitive mais est la seule qui garanti une certaine confidentialité. En effet, les deux premières solutions imposent obligatoirement de passer un KYC (« know you client », la boite à qui vous vous adressez a l’obligation de relever avec précision nom, prénom, adresse, téléphone, pièce d’identité, selfie, …) de ses clients avant de leur permettre d’acquérir des cryptos.

Vous avez trouvé un site qui vous permet d’en acheter sans décliner votre identité ? Bravo, mais il est formellement déconseillé d’y envoyer le moindre centime.

Globalement, les points auxquels il faut faire attention :

  • Le site/app en question est-il connu ? Beaucoup utilisé ? A-t-il bonne presse ? Depuis combien de temps existe-t-il ?
  • Quels sont les frais, sur l’entrée, sur les échanges, sur la sortie ?
  • Peut-on accéder à beaucoup de cryptos dessus ou seulement un panel sélectionné ? (le plus fourni n’est pas nécessairement le meilleur pour vous)
  • Peut-on contacter quelqu’un pour être aidé au besoin ?
  • Est-ce adossé à une carte de débit permettant plus ou moins directement de dépenser des cryptos ?

Pour ma part, j’ai un compte chez crypto.com, un autre chez swissborg, dont je me sers pour mes achats et dépenses CB (je ne met pas de liens d’affiliation dans mes articles, si y’en a que ça intéresse, demandez, j’vous en file un :)) et un compte chez binance quand je veux aller chercher une crypto bizarre/confidentielle que je trouve pas chez les deux premiers.

Je fais par ailleurs un usage extensif d’Uniswap et de 1inch.

Je me permet de me répéter : ne mettez pas un sous que vous n’êtes pas prêt à perdre en totalité dans les cryptos et ne laissez pas vos cryptos trop longtemps chez un tiers en mode « ouais ouais je rapatrierais ça chez moi plus tard ».

Combien en acheter ?

Dans tous les cas, si vous débutez, n’excédez pas 50 ou 100€. Prenez une moitié de bitcoin et une moitié d’ethereum, gardez les bitcoins au chaud et jouez un peu avec les ethereums.

Entre 1 et 5% de votre épargne, c’est pas super douloureux en cas de grosse chute et ça peut procurer un gain substantiel. Ça peut surtout vous permettre de vous familiariser avec la chose, d’en comprendre le fonctionnement et d’éviter de vous faire avoir plus tard.

Entre 5 et 25% de votre épargne, c’est audacieux et franchement pas conseillé si vous ne savez pas ou vous allez

Entre 25 et 50% de votre épargne, faut avoir la foi

Au dessus de 50%, tout mon respect

Il en va de même si vous choisissez d’y verser régulièrement des sous. Fixez-vous un plafond en pourcentage de vos revenus et *ne le dépassez pas*. Même si vous pensez faire une bonne affaire. Même si un soit disant spécialiste vous dit de foncer sur telle crypto. Même si votre banquier se met à vous en proposer (ils vont le faire, préparez-vous)

Dans le cas ou vous pratiquez le trading (acheter/vendre régulièrement) sur tout ou partie de vos cryptos, n’oubliez pas les stoploss.

Comment ne pas se faire avoir, les dip, le fomo

Vous avez vu les graphiques historique plus haut dans l’article. Les cryptos, ça monte, ça descend, c’est la vie.

Si on oublie toutes celles qui ne font pas partie du top10, en gros, on est sur des cycles entre 1 et 4 ans avec de très fortes montées, de petits paliers de descente, du gribouillage et on recommence. Si vous mettez des sous dans la crypto pour de l’épargne, vous vous en fichez un peu. Ça peut être quand même intelligent de ne pas rentrer la première fois en pleine montée verticale (comme en ce moment par exemple). Il y a toujours la possibilité qu’on n’en soit qu’au début et que ça continue de grimper, mais la probabilité va plus vers une « correction » (une chute brutale suivie de petites remontées timides).

C’est à ce genre de moment qu’il faut acheter. Quand ça s’est cassé la gueule (« buy the dip »). Attention, ce genre de conseil ne fonctionne pas si la chute est dû à l’actualité de la crypto en question (documentez-vous sur l’affaire SEC v.s. XRP qui fait rage actuellement). Par contre, les chutes conjoncturelles (la crise COVID en mars par exemple) sont de très bon points d’entrée.

Quant à « quand vendre », je serais bien mal placé pour vous aider, je ne vends pas. Il faut du talent pour sentir quand on est au plus haut et vendre avant la chute.

Le fomo (« fear of missing out ») est le comportement moutonnier qu’on observe pendant les grandes montées de gens qui, par peur de louper le train, vont acheter en masse pendant la montée (en l’accentuant, donc) mais se faire plumer à la descente.

Le cadre fiscal français

Jusqu’à il y a peu, les cryptos n’existaient pas pour l’état. C’était un bien meuble, comme une armoire ou une chaise.

Depuis, nous avons le concept d’Actif Numérique dans notre droit. C’est déjà ça, par contre, c’est uniquement pensé pour les spéculateurs. L’idée est de déclarer les bénéfices sur les conversions crypto => euro (ou dollars ou toute autre monnaie ayant cours légal).

En gros, en dehors de déclarer votre compte, vous n’avez donc rien à faire lorsque vous en achetez ou que vous échangez entre cryptos. Par contre, lorsque vous revendez pour des euro, c’est là que ça pique.

Il faut, au moment de la vente, savoir :

  • La valeur de l’ensemble de vos cryptos (ça n’a l’air de rien, mais ça peut vite devenir compliqué)
  • Le prix qu’elles ont coûté en tout
  • La différence entre les deux est votre bénéfice (ou perte) théorique

Vous prenez le résultat de votre vente en euro, vous lui appliquez le taux de bénéfice trouvé ci dessus et vous payez 30% de flat taxe là dessus.

Un exemple :

  • vous prenez pour 100 € de bitcoin le 1er janvier. Il vaut 23000 € pièce
  • vous prenez pour 100 € d’ethereum le 3 janvier. Il vaut 500 € pièce
  • vous vendez pour 25 € de bitcoin le 1er septembre, à ce moment, le bitcoin vaut 56000 € et l’ether 1800 €
  • la valeur  de votre portefeuille au moment de la vente, est de 603,47 € et vous a coûté 100 €
  • votre 25 € récupérés en bitcoin vous ont donc coûté fiscalement parlant 4.1427 €
  • Vous avez donc un bénéfice de 20,8573 €
  • le 1er décembre, vous payez un coup avec des ether pour l’équivalent de 10 €, à ce moment, le bitcoin vaut 1000 € et l’ether 100 €
  • je vous laisse calculer la valeur du portefeuille au moment de la vente compte tenu des 25 € déjà vendu le 1er septembre, ça me fait déjà mal à la tête
  • Vous devez un truc du genre 7€ au fisc et 124524€ à votre pharmacien pour le tranxen

Ah oui, vous l’aurez compris, c’est obligatoire quand vous convertissez vos cryptos en euro mais aussi si jamais vous achetez directement un truc avec des cryptos. À ce moment là, le fisc considère que vous avez converti en euro et acheté un truc avec ces euro, même si la personne en face n’accepte que les cryptos. Et à vous de vous démerder pour déterminer et pouvoir prouver le prix en euro de la chose que vous achetez si le vendeur ne l’indique pas.

Les institutionnels, le risque d’effondrement

L’une des explications avancées par pas mal de monde concernant la récente augmentation est que le prix est porté par les « institutionnels ». Comprendre par là, de grosses boites, généralement des fonds de pension ou de gestion, qui vont acheter des cryptos. On trouve aussi des gens comme paypal qui ont fait de grosses annonces ces derniers temps et achètent beaucoup (souvenez vous, le bitcoin n’est pas une monnaie de crypto terroristes chinois mangeurs de petits chats : on arrive très bien à tracer l’argent quand on s’en donne la peine)

Mais attention. Les cryptos, c’est tout petit. Quelques centaines de milliards, même pas de quoi rivaliser avec le Nième plan de relance américain qui vient de sortir cette semaine, et bien bien loin des sommes astronomiques qui se promènent sur les marchés traditionnels. Quand je lis qu’une aberration comme BlackRock va acheter du bitcoin en 2021 pour « se diversifier » et que je vois des centaines de prétendus spécialistes des cryptos applaudir, j’ai un brin peur.

Une boite qui gère pour plus de 7000 milliards de dollars de bidules divers et variés qui débarque sur le marché, achète jusqu’à faire exploser le cours au dessus de 5 ou 6 zéros, puis retire tout d’un coup parce que ça ne lui plaît plus (ou juste pour faire chier), ça va laisser quelle trace sur les principes de base de tout ça ?

La dépendance

En guise de conclusion, et au risque de redondance avec l’article précédent, je voudrais ouvrir la réflexion autour de notre dépendance à l’énergie et à la technologie. Vouloir se défaire du joug des banques privées et désintermédier la monnaie, pourquoi pas … au prix d’une dépendance totale à des superpuissances mondiales qui, elles-mêmes, sont au bord du gouffre, est-ce pertinent ?

 

Diversifiez-vous … tant côté finances que côté connaissances et savoirs faire ! :)

3 Comments »

  • Éric said:

    Salut, sympa l’article !

    Un peu dangereux de conseiller les gens sur l’achat de crypto, mais j’espère que tes lecteurs sauront rester raisonnables :)

  • t00nster said:

    « Simple smartphone »… perso j’ai un octo core à 2.84 GHz.
    J’ai commencé l’informatique sur un 386 DX2 simple coeur à 66MHz ; de mémoire.

    Soyons chauvins lorsque Karpeles revendra le reliquat du volé retrouvé on aura un Milliardaire d’origine Bourguignonne de plus ! (si y’en a d’autres ?).
    D’ailleurs Kobayashi ça fait étrangement Usual Suspect, mais alors qui est Kaiser Sauze ?

    Les clés oubliées sur de vieux disques… c’est assez courant comme histoire. Et tellement rageant !

    Très bon article, comme d’hab.

  • Bruno (author) said:

    Ahaha, pour avoir un milliardaire avec ce qui va rester des farces de Mr Karpeles, faudrait un BTC à plusieurs milliards :)

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