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Restons sérieux, ou pas

21 janvier 2011 6 commentaires
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Crédit photo : PhOtOnQuAnTiQuE

Avez-vous remarqué comme les « personnes publiques » ont toujours l’air sérieuses ? Ton souvent neutre, bonnes manières, arrondir les angles, etc. Même lorsqu’elles font mine d’être en colère, on sent toujours un arrière goût de « si je dis ça comme ça, alors ils penseront que… »

A croire que ces personnes ne se lâchent jamais vraiment. Et pourtant, même à un présentateur de JT, ça doit bien parfois arriver de raconter des blagues belges en se fendant la poire avec des amis, non ?

Rapport au fait que ma (courte) biographie risque de se retrouver entre les mains d’un tas de journalistes début février, je me suis intéressé un brin à un domaine dont je me foutais jusqu’à présent comme de ma première paire de pompe : le personnal branding. L’art de se vendre et de faire passer ce qu’on souhaite que les autres retiennent de soi.

Bon, après y avoir passé une demi journée, je dois bien le reconnaître, c’est gonflant. J’ai mes idées, mes principes, ma façon d’être, ma façon de me fringuer, ce que j’ai fait de ma vie et ce que je veux en faire à l’avenir, et très clairement, tout ça ne pourra jamais plaire à tout le monde. Et si je changeais tout, ce serait pareil.

En prime, j’estime que perdre du temps à se démener pour arrondir les angles et fausser son propre discours dans le but de faire plaisir, c’est passablement inutile, voir dangereux.

Reste tout de même que pour faire passer le message à quelqu’un, il vaut mieux se mettre à son niveau, sinon, le fond risque d’être éclipsé par la forme. Non pas que ce soit un niveau plus bas ou plus haut, juste qu’il est différent.

Mais souvent, la « mise à niveau » en question peut prendre des formes étonnantes. Un commercial ne peut pas ferrer un client grand-compte-pingouin-style en se pointant en jean/tshirt ? Eh ben si, s’il arrive à trouver la corde sensible du type qu’il a en face de lui, la forme de la démarche disparaîtra quasi complètement.

J’ai lu, à l’occasion de la reprise d’un de mes billet par PCInpact, des gens critiquer le ton léger employé et les tournures de certaines phrases. Ça ne faisait pas très « journaliste ». D’un autre coté, je suis tout sauf un journaliste, donc c’est pas bien grave.

Il semble que je devrais bientôt pondre des documents destinés à des gens qui ont sûrement l’habitude de lire des textes exprimant surtout des points de vue et des faits mais très peu d’émotions. Ils risquent d’être surpris de la forme de mes écrits, mais j’espère bien réussir à faire tout de même passer les messages.

Après tout, si je commence à modifier la forme de mes écrits, est-ce que je ne risque pas de taper également dans le fond ? Un texte n’est pas un verre de vin qu’on peut vider de son contenu en gardant le contenant dans la main. Et on ne peut pas non plus transvaser le contenu du texte dans un autre contenant sans en altérer le sens.

En bref, pourquoi être faux dans le but de rallier des gens à ma cause si c’est pour qu’ils s’aperçoivent plus tard que je ne suis pas la personne attendue ?

Question ouverte, je ramasse les copies lundi matin.

6 Comments »

  • Gordontesos said:

    Une seule chose : ne change surtout pas de style, d’identité rédactionnelle. :)

  • JM Planche said:

    Malheureusement en France, la forme prime souvent sur le fond.
    Pour info, sur mon site « officiel », mon cv a momentanément disparu et il était plutôt de forme « classique » car à l’international en plus, tu ne peux pas tout faire. Et de l’autre coté, sur mon blog, cela donne cela :
    http://www.jmp.net/a-propos/

    En fait, j’espère que les gens arrivent à faire la différence entre la personne « à titre privé », le professionnel et la ou les fonctions … mais ça n’est pas toujours gagné ;-)

    Bref, pour moi, fais comme tu le sens. Car quand on fait la faute de goût de porter un tee-shirt de la quadrature avec des vêtements « normaux », on peut tout assumer :-)))))))))

  • patpro said:

    On peut rallier les gens à sa cause sans être faux. Faire passer ses idées, dialoguer, ça implique un émetteur, un récepteur, et un message. Si tu ignores les spécificités de ton récepteur en te disant qu’il doit te prendre comme tu es, tu peux juste rater ta cible. Ton message peut être mal perçu. Faire un pas vers l’autre en prenant en compte ses faiblesses et ses forces pour arriver à ses fins n’est pas une démarche fausse, tant que ton but est honnête. C’est ce qui différencie la pédagogie de la manipulation.
    Pour certains de tes interlocuteurs, aux idées étroites, il faudra que tu ais les cheveux courts, ou que tu portes un costume, à d’autres il faudra que tu donnes l’impression que les idées viennent d’eux… Les gens ont tous leurs limites, et pour que ton discours porte, il faut contourner ces limites, franchir leurs barrières morales, etc.
    JM Planche dit qu’en France la forme prime sur le fond, moi je crois que la forme est toujours importante. La forme est la première chose que tu perçois, et nombreux sont les gens qui ont du mal a passer outre un premier sentiment négatif. Savoir mettre les formes sans dénaturer le fond, c’est à la fois respecter ton interlocuteur dans sa perception du monde, et à la fois t’assurer une oreille attentive.

    J’arrête là pour la philo de comptoir :)

  • Bruno (author) said:

    J’aime bien ta philo de comptoir :)

    Je suis assez d’accord sur la globalité, mais je ne sais pas (encore) jouer avec toutes ces ficelles, sans compter que j’aurais du mal à faire rétrécir puis rallonger mes cheveux.

    En bref, j’ai du boulot !

  • JM Planche said:

    @patpro: JM Planche dit qu’en France la forme prime sur le fond
    -> non, j’ai dit : en France, la forme prime SOUVENT sur le fond … et pas qu’en France d’ailleurs, partout où l’autre est perçu comme un danger, comme une menace et où les gens ne voyagent pas beaucoup … ;-)

  • patpro said:

    JM Planche : effectivement, j’ai mal tronqué, désolé :) Et effectivement, c’est pas juste en France. Cela dit, c’est une problématique bien plus large, les animaux sauvages aussi se fient à la forme avant tout dans de nombreux cas. De là à parler d’atavisme, il n’y a qu’un pas.

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