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Combien ça coute la bande passante ?

28 août 2010 aucun commentaire
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Vaste question, et loin d’être une science exacte. Pour recadrer correctement les choses, quelques bases, on parle de méga bit par seconde (Mbps) qui est un débit qu’il ne faut pas confondre avec d’autres unités, méga octet (Mo) qui est une quantité ou méga octet par seconde  (Mo/s) qui est aussi un débit mais exprimés en octets et non en bits.

Sachant que 1 octet = 8 bits,  1Mbps, c’est donc 1 million de bits par seconde, soit 125000 octets, soit 125Ko/s. Ce débit est celui de la ligne elle-même, sachant que les données réellement utiles (une page de site web par exemple) sont incluses dans tout un tas d’informations de transport et de vérification qui font qu’au final, une ligne disposant officiellement de 20Mbps aura du mal à fourni plus de 15Mbps réels, parfois moins.

Les utilisateurs d’internet en France sont habitués à la ritournelle classique des gros FAI qui vendent « 30 euro les 20Mbps ». On peut, du coup, être tenté de dire que 1Mbps vaut quelque chose comme 1,50 euro.

Pourtant, un abonné dont la ligne ne permet pas d’atteindre plus de 512Kbps paiera aussi 30 euro et lorsqu’on regarde le marché des opérateurs de grande envergure, on trouve un prix plancher d’environ 6 euro et des prix annoncés parfois en centaine d’euro. De leur coté, certains acteurs plus modestes proposent jusqu’a 1€=1Mbps pendant qu’on trouve, dans d’autres pays, des offres ou on ne parle jamais de débit mais de quantité de données qui peuvent être transférées chaque mois.

Alors, ou est la vérité ? Loin, en fait.

Le cout brut de la bande passante correspond en fait au prix de la liaison qui la transporte ajouté au cout des équipements qui sont au bout divisé par la capacité disponible. Il est déjà difficile d’estimer le nombre de liaison sur internet, mais si on commence a vouloir deviner le cout de transport en fonction d’une source et d’une destination, on devient vite cinglé.

Chaque operateur fait donc généralement un calcul global sur son propre réseau en tenant compte, entre autre, du prix des liaisons internes de son propre réseau, de celui de l’éventuelle bande passante vendue par ses fournisseur, de la masse salariale des personnes qui s’occupent du réseau, de l’achat et de l’entretient du matériel  et obtient donc un prix global qu’il divise par la capacité globale du réseau pour estimer son cout.

Certaines liens n’ont qu’un cout de liaison, par exemple le lien vers un point d’échange qui est facturé forfaitairement quel que soit le débit utilisé. D’autres sont facturés a la consommation, par exemple les liens de transit, d’autre encore ne sont pas facturés, par exemple les liens vers les points de peering gratuits, mais on tout de même un cout, le routeur qui est au bout, l’équipe qui gère le routeur, etc …

Mais sur internet, il n’y a aucune notion de grossiste qui ne vendrai qu’a des quantités inaccessible, chacun est donc presque libre d’aller se fournir ou il veut. Comment fait-on, donc,  pour proposer de la bande passante au prix du marché s’il faut déjà l’acheter a ce même prix ailleurs ? On peut utiliser trois leviers :

– acheter à bon prix une grosse quantité pour la revendre plus cher par petite quantité (les prix pouvant aller du simple au quintuple, voir plus, selon la quantité)
– ne vendre que de la bande passante à prix forfaitaire en espérant que les clients ne consommeront jamais la totalité de ce qu’ils ont acheté
– vendre deux fois la même bande passante, une fois à un hébergeur ou autre structure surtout consommatrice de trafic sortant et une seconde fois à un fournisseur d’accès ou autre structure forte consommatrice de trafic entrant.

Si on prends le cas d’un opérateur bien connu dont les abonnés ont tout compris, ils jouent sur les trois leviers à la fois : ils achètent en gros de la bande passante qu’ils revendent forfaitairement à une grande quantité de clients et ont une filiale proposant de l’hébergement reliée à leur réseau qui génère quasi exclusivement du trafic sortant. Ils ont également naturellement un tas de liens payés forfaitairement (vers Londres, par exemple) ou pour écouler une grosse partie de leur trafic (vers SFR, Orange, …)

Mais cette façon de faire est également accessible à des réseaux beaucoup plus modestes comme celui de FDN qui représente surtout du trafic entrant et qui est adossé à Gitoyen dont la majorité des membres écoulent du trafic sortant. Par ailleurs, étant une association, FDN dispose d’une force de travail qui ne coute rien pour maintenir le réseau.

Si on estime qu’un abonné ADSL paie 30 euro un abonnement ADSL, que sur ce tarif on peut consacrer 4 euro à la bande passante, qu’il consomme 1Mbps au 95e centile (article explicatif à suivre sur cette méthode de mesure), qu’on écoule 20% de son trafic sur des échanges gratuits et qu’on vends deux fois le même débit, on peut se permettre d’acheter le Mbps à 10 euro.

Evidemment, si la consommation de bande passante de tous les abonnés augmente sensiblement sur une courte période, le modèle économique tombe vite. C’est l’une des problématiques des FAI depuis quelques temps, n’ayant pas prévu à temps l’explosion de la vidéo en streaming.

Il est aussi possible, dans une certaine mesure, de garantir la bande passante. Dans ce cas, le tarif est bien plus élevé dans la mesure ou on ne peut plus jouer sur le levier du forfait dont le client ne consomme qu’une partie et que les couts humain de maintenance et d’intervention en cas de problème sont bien plus élevés.

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