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Faire avancer la création

15 octobre 2010 12 commentaires
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Ça fait quelques temps que j’essaie de réunir une petite équipe pour monter un projet qui me trotte dans la tête mais je me dis qu’en en parlant ici, j’aurai peut être un feedback un peu plus important. Et comme en plus on est trolldredi, allons-y !

Crédit photo : Christine McIntosh (flickr)

« Aider la création » de la façon que le législateur a inventée, je n’y crois pas. Ni le coté taper sur les clients, ni le coté perfuser des initiatives, qu’elles soient nouvelles ou anciennes, ni le coté indiquer aux gens ce qui est bon pour eux. En vrai, je ne crois pas à la piste légale du tout. Je pars, par ailleurs, du principe qu’il y a un problème avec la création, alors que ce n’est même pas prouvé, mais passons.

Il y a un problème qui, lui, est bien réel, c’est le fait que création est aujourd’hui systématiquement associée à argent.

La création, elle, c’est de l’art. Oui, même toi, petit blogueur qui fait un billet une fois tous les 6 mois, tu es un artiste. Tu crées ! Ta création doit avoir une valeur à peu près aussi haute que celle de la mienne, mais peu importe, elle fait sûrement plaisir à quelqu’un, même si ce quelqu’un c’est ta mère ou ton collègue de boulot. Et l’art, c’est quoi ? C’est une façon de s’exprimer.

Ces messieurs dames, pour qui HADOPI a été créée, l’ont complètement oublié. Non, monsieur Pascal Nègre, si vos pourvoyeur de musique et de films sont là avant tout pour l’argent, ce ne sont pas des artistes, ce sont des marchands. Si on s’exprime publiquement, c’est idiot de vouloir poursuivre ceux qui portent votre parole. Autant ne pas s’exprimer, c’est plus simple.

Qu’un artiste gagne sa vie avec le fruit de son travail, de sa création artistique donc, ça ne me gêne absolument pas. Je fais pareil avec l’art que je maîtrise d’amadouer les serveurs, les routeurs, les fibres optiques, etc. Et une fois que j’ai terminé ma mission, je ne vais pas réclamer d’argent à mon client au motif que l’art que j’ai pratiqué une fois lui permet de faire tourner sa boutique tout le temps. Je ne demande pas non plus de royalties à tous les gens qui ont utilisé mes idées. Mon fond de commerce à moi, mon art, ce sont mes connaissances et mes compétences en matière de réseau et d’informatique. Je les monnaie parfois outrageusement cher mais à côté de ça, je fais mon maximum pour les partager avec qui veut bien les lire, et j’encourage les gens à copier et a diffuser tout ça.

Bon, j’avoue, c’est un peu pour gonfler mon ego, compter le nombre de fois que mes articles ont été tweetés et buzzés et me sentir un tout petit peu maître du monde, mais c’est surtout parce que la diffusion de la culture (au sens large) me semble quelque chose de capital si on ne veut pas finir comme dans le film Idiocracy. Remarquez, c’est peut-être ce que nos amis puissants veulent… Continuer à développer l’assistanat, à empêcher les gens de penser, etc.

Trêve de discours, voici mes idées. Je précise que j’emploie indifféremment « artiste » et « créateur », il faut garder à l’esprit que toute forme de création peut et doit être concernée. Les premières qui me viennent à l’esprit sont la musique, le cinéma, l’écriture et l’image mais ce n’est pas limitatif, loin de là.

  1. Avec nos médias modernes, les frontières entre les gens tombent plus facilement. Certains l’ont compris et j’ai été étonné de l’accessibilité actuelle de députés, de chefs d’entreprise, etc. C’est le moment de rapprocher, dans la discussion, les artistes et leur public. Nous savons tous qu’un débat avec 10 personnes d’un coté et 100000 (ou plus) de l’autre ne donne rien, mais de petites mains peuvent réussir à extraire la quintessence du débat de la myriade de phrases pour qu’un intervenant (ici un ou plusieurs artistes) puisse plancher dessus. Le temps est venu, d’une part que la population dans son ensemble puisse connaître l’avis de ceux qui créent autrement que par l’entremise de leur producteur ou de leur distributeur et il est également temps que les artistes prennent position dans le débat actuel même si c’est difficile et potentiellement dangereux pour leur image s’ils n’ont pas l’habitude de ce nouveau média de communication.
    Concrètement, ça donnerait un travail assez conséquent de communication avec les artistes pour qu’ils viennent exprimer en quelques lignes leur point de vue comme certains l’ont déjà fait. Dans un second temps, ouvrir la possibilité, pour ceux qui le souhaite, que le visiteur puisse commenter le point de vue et démarrer un débat avec un système de vote globalisé permettant de faire ressortir les questions jugées pertinentes par le plus grand nombre.
  2. Faire découvrir l’envers du décor aux gens qui apprécient les oeuvres. Comment crée-t-on ? D’où vient l’inspiration ? Quels moyens techniques sont aujourd’hui mis en oeuvre ? etc. Le but étant que chacun puisse se faire son idée sur le travail qui va derrière la création d’une oeuvre, afin d’être à même de juger la valeur qu’elle peut représenter au delà de l’art lui-même.
    Cette partie prendrait la forme d’un blog à plusieurs contributeurs qui seraient, dans l’idéal, les créateurs eux-mêmes, accompagnés bien sur des gens ayant des attributions techniques dans la réalisation, incluant donc producteurs et distributeurs.
  3. Permettre au plus grand nombre de comprendre qu’il n’y a pas nécessairement corrélation ou contradiction entre le fait d’exercer son art, le fait de gagner sa vie et le fait d’être partisan du libre échange à but non lucratif de ses oeuvres.
    Cette partie consiste bien sur à promouvoir les oeuvres libres (en Creative Commons ou autre type de licences libres), à inviter les gens à venir les découvrir, aider à faire ressortir celles qui pourraient devenir « les tubes de demain », mais aussi et surtout à montrer aux artistes de « l’ancienne école » qu’un modèle économique est possible en encourageant le libre partage.
  4. Rebondir sur les moyens légaux actuellement mis en place ou en cours de mise en place pour assurer les droits des créateurs diffusant leurs oeuvres sous licences libres. Une discussion est en cours avec HADOPI pour connaitre les modalités exactes d’une action commune des « créateurs libres » pour faire respecter leurs droits.
    Ce volet prendrait la forme d’une association de toute personne se considérant comme créateur et ayant utilisé au moins une fois une licence libre. Dans un monde idéal, cette association défendrait les droits de ses membres par tous les moyens possibles. Dans la vraie vie, il est plus probable qu’elle ne serve qu’à mesurer l’ampleur du phénomène de la création librement partageable, ce qui serait déjà beaucoup.

Ces différentes idées nécessitent un ou plusieurs outils inexistants aujourd’hui et que je ne peux, compte tenu de mon emploi du temps, pas réaliser seul. Les idées demandent aussi probablement à être discutées et retravaillées.

Toute personne trouvant un minimum d’intérêt à tout cela et pensant pouvoir être utile est invitée à me contacter ou a se lancer dans son coin, l’important étant que ça se fasse.

Je me suis demandé si ça valait le coup de lancer un appel aux dons façon Diaspora et puis finalement je me suis dit que ça risquait de devenir une grosse usine à gaz et que d’autres le ferait si c’était nécessaire pour faire avancer les choses.

12 Comments »

  • lavertus said:

    L’idée numéro 3 est, je pense, la plus intéressante et la plus importante. Le libre semble être pour Mme Michu, entre autre, considéré comme un moyen d’expression pour les geeks, mais ce n’est pas le cas, le libre est vraiment une alternative très prometteuse pour faire avancer la création avec l’arrivée des nouvelles technologies.

    Le libre est déjà constitué d’un grand nombre « d’outils » viables (Wikipédia, Jamendo, Linux, les Freeware, …), mais hélas pas assez connus (utilisés ?) du grand publique.

    Le libre n’est pas assez médiatisé …

  • En fait Hadopi c’est cool ! | Blog perso de Paul Da Silva said:

    […] lance un projet très intéressant (et duquel j’espère avoir le temps de faire partie) pour soutenir la création libre […]

  • Nicolas-Arts said:

    Projet a suivre pour ma partie
    Je te rejoint, l’Art, la Création, c’est pas une boite de conserve vendue à coup de pub par les médias,
    La création est Universel , Sans Frontières, Libre,
    Je pense tr suivre et en faisant passer ton message…
    Porte toi bien

  • Winael said:

    Ce genre d’initiative ‘existe’ déjà. C’est le cas par exemple du Collectif Libre Accès (http://www.libreacces.org).
    Il y a même eu la création de la SARD, reprenant le principe du Mécénat Global. Des projets de ce type il en existe pas mal mais tous sont plus ou moins tombés en léthargie. Et c’est bien dommage, mais tu peux toujours proposer ton idée sur la ML copyleft de l’April

    Cordialement,
    Winael

    [Merci pour les liens et les noms, mais vu d’ici, ce sont surtout des collectifs de lobbying … de mon coté, je compte monter des services, pas faire de la politique. Ça n’empêche effectivement pas de s’en rapprocher.]

  • -fred- said:

    Pour moi, une chose est sûre : c’est aux artistes de décider s’ils veulent ou non publier leurs créations sous licence libre. L’enjeu est d’en convaincre un maximum.

    @Lavertus : les freewares ne sont pas des logiciels libres il me semble mais des logiciels juste gratuits (sans les libertés associées aux logiciels libres).

  • Bruno (author) said:

    Il me semble que c’est surtout un nom générique autorisant un usage. Il faut y ajouter une licence valide en droit pour compléter le tableau.

    Pour le choix laissé aux créateurs, ça va de soit, mais on peut vouloir vendre son art sans pour autant être partisan de la poursuite de ceux qui le partage gratuitement.

  • Fab said:

    J’approuve cette initiative, surtout au niveau des idées 2, 3 et 4.

    Pour le moment, j’me sens trop jeune dans le monde du libre pour en connaitre toutes les ficelles (différentes licences, etc…). C’est pourquoi pour le fond, j’suis intéressé mais partant de presque zéro.
    Par contre, pour la forme (du point 2, notamment), je suis prêt à apporter ma pierre à l’édifice par mes connaissances (site web, hébergement, etc…).

    Bref, tu sais où me contacter si besoin :) .

  • Titus said:

    Juste parce que j’en ai discuté avec un artiste qui avait un minimum de connaissance des licences libres.

    Il semblerait qu’une fois qu’un artiste est à la SACEM, il ne peut diffuser librement son œuvre que si il paye lui-même les droits d’auteur (Où va le monde !?). Il serait intéressant de se renseigner sur ce point, et de voir éventuellement quel lobbyisme peut être fait à la SACEM pour empêcher ce genre de stupidité si elle s’avère fondée…

  • Bruno (author) said:

    Si c’est bien le cas, c’est contractuel, et un contrat, ça se dénonce d’une manière ou d’une autre. C’est probablement cramé pour les oeuvres précédent la dénonciation, mais pour la suite, je doute que la SACEM puisse imposer à un artiste de ne publier que sous copyright jusqu’à sa mort au motif qu’il l’a déjà fait avant en signant avec eux.

    Je vais creuser le sujet.

  • Titus said:

    De ce que j’ai compris, il peut très bien dénoncer le contrat, mais ça veut dire qu’il n’a plus aucune (nouvelle ?) oeuvre couverte par la SACEM. Et en l’occurence, c’était une personne qui aurait eu envie d’en partager une partie pour être découvert, et mettre ses autres compositions sous la « protection » de la SACEM. Il faut rester pragmatique. ;)

    N’empêche que si le fait est avéré, c’est peut-être une des raisons pour laquelle on ne voit pas plus d’artistes utilisés ponctuellement une licence libre.

  • Ploc said:

    Ayant publié récemment un livre avec CD musical, j’ai découvert un peu les méandres de la SACEM côté éditeur. Cela ressemble à un goinfrage : l’auteur avait déjà été payé en avances sur droit pour l’œuvre (livre+CD), mais pour avoir le droit de presser le CD, il faut avoir une autorisation de pressage de la SACEM qui ne la délivre que quand tu as payé (chèque sur leur bureau, physiquement) une somme démesurée (globalement, la sacem peut coûter plus cher que d’imprimer un livre).

    http://www.sacem.fr/cms/home/tarifs

  • Richard -G said:

    Albert Marcoeur est un excellent exemple d’un artiste entièrement autogéré et via le net. Anciennement à la SACEM.

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