Disséminations médiatiques
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Toutes les agitations blogosphériques du moment m’ont l’air de tourner en rond autour d’un fait relativement simple : le numérique est en train de tailler sa place dans notre monde à grand coup de machette. Le fond de la question est de savoir s’il faut marcher à ses côtés ou bien sortir la machette, ou pire, pour riposter. Personnellement, j’ai choisi mon camp.
C’est réellement omniprésent partout et plus particulièrement dans les relations qu’on peut avoir avec les sources d’information.
Plus ça va et plus les gens autour de moi me disent « la télé et les grands journaux, on ne les regarde même plus tellement leurs contenus nous semblent manipulés et non fidèles à la réalité ». Et pourtant, il existe un tas de sources d’information qui valent vraiment le détour.
Le plus évident vis à vis de l’actualité de ces derniers jours, c’est bien sur le nouveau bavage de WikiLeaks qui continue à prouver par A+B qu’internet supplante de très loin les canaux de diffusion dits « traditionnels » (papier, télé, …) non seulement par l’accessibilité accrue mais aussi de par son caractère collaboratif. On notera d’ailleurs que c’est une entité de diffusion média encore considérée comme peu conventionnelle qui a obtenu la primeur française de diffusion : OWNI.
En remontant quelques heures en arrière, on tombe sur cette invraisemblable histoire de casseur de vitrine de banque vue et relatée sans concertation préalable par différentes personnes ayant plus ou moins interagi dans la vraie vie autour de cette scène et mettant en évidence les probables manoeuvres policières ayant pour but de faire monter la tension dans les manifs. Dans les journaux qu’on trouve en kiosque, on a le droit soit à « les casseurs entachent les … » ou « les services secrets font exprès de … ». Jamais ou presque de juste milieu, jamais ou presque de journalisme relatant les faits, rien qui laisse la liberté à chacun de se forger un avis, uniquement de la prise de position qui ne fait pas avancer le shmilblick.
Un autre sujet encore un peu à la mode, notre chère haute autorité en I, a déchaîné les passions bloguesques tout l’été avec une très large reprise dans la presse spécialisée allant jusqu’à provoquer quelques intrusions dans la presse conventionnelle (on se souviendra longtemps de l’article du Figaro désavouant froidement la politique de notre président).
En bref, la ou les médias alternatifs ne faisaient hier que reprendre les infos de la presse traditionnelle pour les travailler et les disséquer, ils sont aujourd’hui devenus les sources qui sont ensuite reprises par les grands médias. Preuve est donc faite aujourd’hui qu’on peut s’informer exclusivement via des blogs et des médias alternatifs, pour peu qu’on prenne la peine de recouper un minimum les informations. Il est nécessaire d’user de son esprit critique pour faire le tri rapidement et efficacement, mais c’est au fond un effort qui était déjà nécessaire et que trop de gens ont, avec le temps, oublié de faire.
Cela ne veut pas dire qu’on est à l’abri des manipulations médiatico-politiques que tout le monde connaît, loin s’en faut, mais il me semble que l’ère des grandes sources d’information est morte et enterrée (à peu près depuis que 90% du contenu des grands médias n’est que de la dépêche AFP remise en forme) et laisse sa place à l’ère du journalisme pervasif où chacun devient l’origine d’un petit bout d’information et un relais du reste pour sa petite sphère et où les réseaux sociaux vont passer outre le simple rôle de « retrouver mes amis et échanger des photos » pour devenir des intermédiaires techniques qui devront faire voyager l’information de petits groupes en petits groupes en fonction des aspirations de chacun.
Mis en perspective avec (par exemple) le retour de l’approvisionnement local en matière de nourriture, c’est assez amusant.
Notre outil de communication global qui fait encore penser « mondialisation », « média de masse » et « pensée unique » à beaucoup de gens et est en train, en réalité, de réinstaurer les anciens modes de vie de nos aïeux qui fonctionnaient surtout en petits cercles fermés. La seule différence, c’est que la contrainte géographique a disparu. Les cercles sont donc plus grands, globalement moins fermés et avec des surfaces d’intersections beaucoup plus larges.
Nous sommes encore (même moi) accrochés aux anciennes valeurs, mais la nouvelle génération arrive, et j’ai peur que ça nous fasse tout drôle très bientôt.
Bonjour,
La « a-centralisation » des médias, j’approuve! C’est un passage obligé finalement dans la reconquête de nos libertés.
« S’affranchir du centre » dans les médias ou ailleurs, c’est le problème central, au fond, de toutes les luttes democratiques actuelles:
– Les attaques de la neutralité du net
– Les Empires centralisateurs de l information (Google,Facebook, mais aussi les grands groupes industriels possédant presse/TV/radio).
– Entreprises/organisations agressives envers le logiciel libre et l’usage libre des technologies numeriques.
– L’insidieuse généralisation des technologies de contrôle et surveillance.
Et pour sortir de notre « domaine »:
– Monsanto et sa main mise juridique et technologique sur les semences agricoles qui nourrissent le monde. (cf. documentaire « Le monde selon Monsanto »)
– Les entreprises pharmaceutiques s’accaparant les brevets sur les médicaments et le droit de certaines populations (pauvres, donc.) d’accéder aux soins.
– Les petroliers et l’industrie nucléaire retardant l’émergence de solutions énergétiques sobres et relocalisées, pour assurer leur contrôle sur la production d’énergie centralisée (et sale).
– Les banques qui tiennent le monde entier en laisse grâce à la dette.
Rien de pire pour tous ces gens, qui ont besoin de nous tous pour servir leurs intérets, d’imaginer un monde où les gens deviendraient autonomes à tout point de vue.
Leur cauchemar:
– Des communautés libres, produisant localement alimentation et énergie, sous leur propre contrôle.
– Un partage sans limite de la connaissance, de l’information, des technologies via un réseau non-censurable, car a-centré.
– Une réappropriation de la chose publique, à l’échelon local. La démocratie directe, impossible à appliquer pour un pays, mais plutot adaptée pour la commune ou le quartier.
– Une économie relocalisée qui base la majeure partie de ses échanges hors système monétaire.
Sans aller beaucoup plus loin, il y a là de quoi donner des sueurs froides à nos dirigeants, non? Et cette reprise en main généralisée qui s’opère ces jours ci sur le net et ailleurs n’aurait rien à voir?
Il faut aller plus loin, à mon sens. Exposer tout ceci bien en détail, qu’ils comprennent bien que ce n’est pas qu’un petit effet de mode passager et que tout cela finira par arriver et qu’il est de leur intérêt que ça ne soit pas accompagné d’un bain de sang (qu’il soit réel ou virtuel)
Quand je disais, « Sans aller beaucoup plus loin », je voulais parler de ma liste d’exemples de réorganisation de notre société. Pour le reste, on n’en est qu’au début, et oui, il va falloir aller beaucoup beaucoup plus loin! ;-)
Bien entendu, comme toi, je suis franchement convaincu que le changement à venir est irréversible, inévitable et que nous préférerions que tout ceci se passe tranquillement sans morts dans les rues.
En ce moment, j’ai un peu l’impression que notre époque est à la croisé des chemins. Pour moi:
-Soit on ne fait rien, la population ne se bouge pas plus que maintenant (et/ou n’a pas plus d »idée novatrice pour bouger) et le 22ème siècle sera féodal,
-Soit ce que Seb décrit finit par arriver, et il faut que ca arrive dans le monde entier, en l’espace de quelques années.
J’ai juste peur qu’on soit déjà trop nombreux dans certains pays ou zones géographiques pour que ce soit possible (Pour nourrir Paris il faut beaucoup de vaches & de champs de blé), et le nombre de professions tertiaires est proportionnellement très importante dans nos pays.
[Rester dans Paris n’est pas vital. Si ce a quoi on pense arrive dans les 20 prochaines années, les gens iront repeupler les plateaux d’Ardèche et le fond de la Picardie. C’est probablement moins évident pour des coins comme Hong Kong ou Tokyo, par contre]
J’ai en tête 2 récits de SF, qui engagent (entre autre) cette réflexion:
– Daniel Suarez : Daemon et Freedom
– Le Patriarche, par quelqu’un de chez Mandriva: http://www.warly.org/files/patriarche/fr/
D’où l’émergence de magazines tels que XXI, qui font ce que les journaux traditionnels faisaient il y a 10 ans… Je crois aussi encore à cette forme d’investigation et me méfie comme de la peste de la masse d’infos disponible, non vérifiée, non disséquée et reprise telle quelle pour être, dans le meilleur des cas, démentie le lendemain…
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